Quasiment entériné après le feu vert de l’Europe, le rachat du MotoGP par le groupe américain Liberty Media suscite quelques inquiétudes sur l’avenir de la discipline reine du sport moto. Le MotoGP risque-t-il de devenir un simple spectacle au détriment de l’aspect sportif et des pilotes ?
Valentino Rossi en a fait sa marque de fabrique.
Véritable showman, le pilote italien a été le premier à insuffler dans le monde de la moto cet esprit de spectacle et de mise en scène. Ce côté festif, le numéro 46 a su l’exploiter à merveille pour devenir une véritable icône de son sport.
Mais avant d’être un businessman averti, Valentino Rossi était avant tout un pilote qui enchaînait les titres comme les perles.
Un parfait exemple pour illustrer ce que doit être ce sport, où les risques pris et les performances font de véritables légendes. Bien plus que le simple nombre de followers sur Instagram.
Pourtant, en écoutant le patron du MotoGP, on comprend bien que c’est pour développer le côté « spectacle » que le groupe américain Liberty Media a acquis la discipline.
Un nouveau propriétaire qui dirige déjà la Formule 1 depuis plusieurs années, et qui a largement développé l’aspect médiatique pour attirer toujours plus de spectateurs et maximiser ses profits.
Car non, si Liberty Media rachète le MotoGP, ce n’est pas par passion pour la beauté du sport, mais clairement pour faire de l’argent. Ce n’est pas un hasard si les Américains parlent du « développement du produit » MotoGP.
Le MotoGP dans les mains de Liberty Media : une évolution bénéfique ?
Un premier pas a d’ailleurs déjà été franchi avec l’introduction, à la manière de la F1 — tiens, tiens — des courses sprint le samedi. Cette « révolution » est désormais bien ancrée, mais à l’époque, les avis des pilotes étaient très partagés. Certains dénonçaient déjà un spectacle privilégié au détriment de l’aspect sportif, voire de la santé des pilotes, contraints d’enchaîner deux courses consécutives. Quant aux risques de blessures supplémentaires ? « Show must go on », nous dira-t-on.
Parmi les autres priorités de Liberty Media figure l’internationalisation du paddock MotoGP. Il est évidemment plus facile de vendre un « produit MotoGP » à un pays qui compte un représentant national sur la grille. Ce qui pourrait inverser la donne : une nationalité trop représentée (italienne ou espagnole, par hasard) pourrait devenir un frein pour un pilote, alors qu’elle constituait jusqu’ici un avantage pour décrocher un guidon.
Et à l’inverse, espérons que l’on ne verra pas un pilote obtenir une place en MotoGP uniquement pour conquérir les fans d’un pays émergent ou d’un « nouveau marché », quitte à aligner des pilotes qui ne seraient pas au niveau requis.
Rappelons les mots de Carmelo Ezpeleta, à propos de l’arrivée probable d’un second GP aux États-Unis dans les prochaines années :
« Se développer aux États-Unis, c’est un objectif que tous les sports poursuivent. Il est clair que Liberty, en tant que partenaire, facilitera certainement cette croissance. Nous proposons un produit de 22 à 25 minutes le samedi, et de 45 minutes le dimanche, ce qui est très positif pour le jeune public, et encore plus pour le public américain. »
Sans naïveté, on sait que le MotoGP est déjà un énorme « business », mais on peut tout de même espérer que l’aspect sportif restera prioritaire sur l’aspect financier, et surtout que les pilotes ne deviendront pas de simples clowns, là pour divertir le grand public au détriment de leur santé.
Oui au spectacle, non à la mascarade.
